Vitamine D : surdosage, Covid, où la trouver ?

Le manque de vitamine D peut constituer un facteur de risque de formes graves de la Covid-19. Pour autant, il ne faut pas en prendre sans avis médical. Le CHU de Lille alerte sur une hausse des cas de surdosage. Aliments, ampoule, fruits... Où la trouver ? Dans quel fruit ? Quel est le bon dosage ? Conseils.

La vitamine D est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Durant les mois d'hiver, lorsque sa synthèse est naturellement réduite en raison du raccourcissement des jours, du moindre rayonnement du soleil et de l'exposition plus faible de la peau, les infections aiguës des voies respiratoires inférieures sont plus fréquentes, aussi bien chez les adultes que chez les enfants. "On pense que la vitamine D joue un rôle important dans la régulation du système immunitaire, et peut potentiellement protéger des infections. Sa supplémentation pourrait réduire l'incidence et les effets délétères de ces affections" estime l'OMS. En pleine épidémie de Covid-19, 73 experts francophones et 6 sociétés savantes françaises réunis autour du Pr Cédric Annweiler, chef du service de Gériatrie au CHU d'Angers, et du Pr Jean-Claude Souberbielle, tous deux spécialistes de la vitamine D, ont appelé à supplémenter en vitamine D la population française dans son ensemble, et pas uniquement les personnes âgées ou à risque de forme grave de COVID-19. Attention cependant à ne pas en prendre trop, alerte le CHU de Lille le 29 janvier sur son compte Facebook : "Depuis quelques jours, le Centre Anti-Poison du CHU de Lille reçoit des appels à cause du surdosage en vitamine D, le surdosage en vitamine D est toxique, les risques sont multiples : nausées, fatigue, risques osseux, convulsions, coma. Soyez vigilant et ne consommez pas de compléments en vitamine D sans en parler à votre médecin ou à votre Pharmacien. Les produits disponibles sur Internet peuvent être très dangereux !" préviennent les professionnels de l'établissement. 


Définition : c'est quoi la vitamine D ? 

La vitamine D est une prohormone synthétisée dans le derme sous l'effet des ultraviolets du soleil soleil, puis transportée dans le foie et le rein où elle est transformée en hormone active. Elle permet l'absorption intestinale du calcium et participe à la santé osseuse. La vitamine D2 tout comme la vitamine D3 peuvent être apportés par l’alimentation.


Quels sont les bienfaits de la vitamine D ?

"La vitamine D joue un rôle essentiel dans la structure osseuse ; elle permet de lutter contre la déminéralisation et l'ostéoporose". En effet, la vitamine D est impliquée dans le fonctionnement du métabolisme osseux. Elle favorise l'absorption intestinale du calcium et du phosphore. Par son action, elle participe à la consolidation des os, à la bonne minéralisation des dents et au renforcement musculaire. La vitamine D3 (cholécalciférol) est la principale forme de vitamine D chez l'homme : elle représente 80 à 90% des apports en vitamine D (à laquelle elle est souvent assimilée). L'autre forme de la vitamine D est la vitamine D2 (ergocalciférol).


Quel est l'effet de la vitamine D sur le coronavirus ?

"Un nombre croissant d'études scientifiques montrent que la supplémentation en vitamine D (sans remplacer la vaccination) pourrait contribuer à réduire l'infection par le SARS-CoV-2 ainsi que le risque de formes graves de COVID-19, de passages en réanimation et de décès" indique un communiqué de la Société française de gériatrie et de gérontologie qui soutient la démarche, publié le 19 janvier. Cette supplémentation devrait se faire avant l'infection par le virus ou dès son diagnostic. Selon ces scientifiques, la vitamine D aurait un effet sur la Covid-19 en :

  • modulant l'expression de l'ACE2, utilisé par le virus pour infecter les cellules humaines.

  • régulant l'immunité cellulaire innée et adaptative via la production de peptides qui ont une activité antivirale et anti-inflammatoire.

  • prévenant l'hypovitaminose qui semble être un facteur de risque de forme grave de la Covid-19.

La vitamine D réduirait la gravité du COVID-19 en supprimant la tempête de cytokines (responsables du processus inflammatoire) chez les patients COVID-19. 

Attention : prendre de la vitamine D ne garantit pas de ne pas être infecté par le coronavirus.

Une telle supplémentation doit se faire sur indication diététique ou médicale. 


Carence en vitamine D : signes, risques...

Une concentration sanguine en vitamine D inférieure à 20 nanogrammes par mL de sang est considérée comme insuffisante. La carence se définit quant à elle par un taux de vitamine D inférieur à 12 nanogrammes par mL de sang. Une carence en vitamine D peut entraîner:

  • Une perte osseuse (liée à une anomalie du développement de l'os) et une augmentation de sa fragilité à l'origine d'un rachitisme et de fractures. Cette diminution de la masse osseuse favorise le risque de fracture. Ce risque est particulièrement élevé lorsque la pratique physique est réduite ou inexistante.

  • Des douleurs et une faiblesse musculaire peuvent provoquer des chutes chez les personnes âgées.

  • Une carence en vitamine D peut également entraîner un état de fatigue.


Qui est le plus à risque d'être carencé ?

L'insuffisance en vitamine D est très fréquente en France métropolitaine, surtout à la fin de l'hiver et au début du printemps. Selon l'Étude Nationale Nutrition Santé (2012), 80 % des Français seraient concernés. Plusieurs études ont montré que les femmes françaises âgées de plus 50 ans seraient les Européennes les plus carencées en vitamine D. Les déficits sévères sont quant à eux plus rares (environ 5 %) et touchent plus souvent les personnes âgées. "Il faudrait supplémenter toutes les femmes à partir de l'âge de 50 ans, et tout le monde à partir de l'âge de 75 ans. Cela est d'autant plus nécessaire pour les personnes alitées, en Ehpad par exemple ».

Selon l'Anses, le risque de carence en vitamine D est plus élevé chez certaines personnes :

  • les personnes âgées

  • les personnes à la peau mate ou foncée, pour qui la synthèse de la vitamine D via l'exposition au soleil est moins efficace,

  • les femmes ménopausées, dont le bouleversement hormonal peut entraîner une déminéralisation osseuse, ce qui accroît le risque de fracture.


Vitamine D : dans quels aliments ?

Chez l'adulte, l'alimentation contribue à 10 à 20 % des réserves en vitamine D, et cette proportion est vraisemblablement encore plus faible chez l'enfant, indique l'OMS. "Le soleil reste la source la plus riche" confirme notre interlocuteur. On trouve cette vitamine principalement dans l'huile de foie de morue "mais il faudrait en absorber des litres et des litres pour avoir un apport satisfaisant".  


Les aliments les plus riches en vitamine D sont : 

  • Les poissons gras comme le hareng, la sardine, le saumon ou le maquereau (vitamine D3) (deux portions par semaine)

  • Les abats, particulièrement le foie

  • Le jaune d'œuf

  • Les produits laitiers, notamment ceux enrichis en vitamine D

  • Le beurre et la margarine

  • Le fromage

  • La viande.

L'Anses rappelle qu'il est important de varier et d'équilibrer notre alimentation tout au long de l'année et de consommer régulièrement ces aliments pour couvrir ses besoins journaliers en vitamine D. Le bon repère : consommer deux portions de poissons par semaine, dont une portion de poisson gras. Préférez idéalement le poisson frais, mais si cela n'est pas possible, misez sur les conserves de sardines, harengs, maquereaux au naturel. 


Ampoule de vitamine D : quelle posologie pour éviter le surdosage ?

Un surdosage peut avoir des conséquences néfastes pour le coeur et les reins. 

La dose recommandée est d'une ampoule de 100 000 unités tous les deux mois, pendant les périodes de faible ensoleillement (ou 600 à 800 unités par jour). Généralement on en prend une à l'entrée de l'hiver et une autre au début du printemps. Paradoxalement, un surdosage en vitamine D peut entraîner une fragilisation des os". C'est ce qu'on appelle l'hypervitaminose. "Le recours aux compléments alimentaires contenant de la vitamine D peut exposer à des apports trop élevés, ce qui peut provoquer une hypercalcémie - taux élevé de calcium dans la circulation sanguine- entraînant la calcification de certains tissus, et ainsi avoir des conséquences cardiologiques et rénales", complète l'Anses sur son site internet dans son article du 17 avril 2020. Dans tous les cas, le recours aux compléments alimentaires doit se faire sur indication diététique ou médicale.


Le soleil, une source de vitamine D

Le soleil et ses rayons ultraviolets constituent LA source principale de vitamine D. " La vitamine D est synthétisée par la peau sous l'action du soleil ; mais attention, une exposition prolongée aux UV augmente le risque de cancer de la peau « .

A savoir : Au printemps, une exposition au soleil de 15 à 20 minutes des mains, des avant-bras et du visage assure l'apport journalier en vitamine D.

Frédérique Menager